
Une équipe constituée de membres de l'Association francophone des autorités de protection des données personnelles (AFAPDP) séjourne à Madagascar. Selon les explications fournies, la mission a pour objectif de mieux accompagner la Grande Ile dans la mise en place de la Commission Malagasy de l'Informatique et des Libertés (CMIL).
Cette initiative soutenue par l'Organisation internationale de la francophonie (OIF) permet aux experts de l’AFAPDP mener des consultations avec les parties prenantes locales, analyser le cadre juridique existant et proposer une feuille de route pour une protection effective des données personnelles. “Traces laissées sur Internet, droit à l'anonymat, protection des données, sont de nouveaux enjeux clés de notre société hyper‑connectée et Madagascar doit progresser dans ce domaine” a-t-on aussi expliqué.
Pour rappel, Madagascar a adopté une loi en la matière en 2015, mais sa mise en application est retardée. L’île de l’océan Indien poursuit pourtant sa transformation numérique et le développement de son e-administration nécessite une régulation efficace des données personnelles. Selon le rapport « E-Government Survey 2024 Accelerating Digital Transformation for Sustainable Development », il affiche un score de 0,3235 sur 1 à l’indice de développement de l’administration en ligne (EGDI), ce qui est en dessous de la moyenne africaine (0,4247 sur 1).
On sait en outre que l’an passé, le pays a ratifié la Convention de l’Union africaine sur la cybersécurité et la protection des données personnelles. Malgré ces efforts, la mise en place effective de la CMIL reste complexe, notamment en raison de défis techniques, financiers et institutionnels. L’application concrète des règles et la sensibilisation des acteurs locaux seront des enjeux majeurs pour garantir une protection efficace des données dans le pays.
Pour améliorer sa gouvernance numérique, Madagascar mise sur la multiplication des coopérations. Outre la collaboration avec l’Association francophone des autorités de protection des données personnelles, Stéphanie Delmotte, ministre malgache du Développement numérique, des Postes et des Télécommunications, s’était entretenue dernièrement avec Claire Pierangelo, ambassadrice des États-Unis à Madagascar et aux Comores. Il s’agissait pour les deux parties de « renforcer la coopération en cours et explorer de nouvelles opportunités de collaboration visant à améliorer la gouvernance électronique et à promouvoir l’innovation technologique à Madagascar ».
Madagascar s’est également rapproché de la Chine, de la Corée du Sud, de l’Inde et de la France. « Ces initiatives s’inscrivent dans le cadre du Plan stratégique quinquennal du numérique (PSN) 2023-2028 qui vise à faire du pays un acteur majeur de l’économie numérique en Afrique notamment par le développement des télécommunications, l’e-gouvernement et l’inclusion numérique », a-t-on indiqué avant de rappeler que le gouvernement table sur une contribution du secteur numérique de 6 % au PIB d’ici 2028, contre 1,5 % en 2019.