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TRANSFORMATION SOCIO-ÉCONOMIQUE | Les défis de Mayotte

Reconstruction post-cyclonique, diversification de l’économie ou encore lutte contre le chômage, Mayotte est appelée à relever une multitude de défis.


Reconstruction post-cyclonique, diversification de l’économie ou encore lutte contre le chômage, Mayotte est appelée à relever une multitude de défis. En outre, un meilleur contrôle migratoire est indispensable sur un territoire aux ressources limitées qui a besoin de restaurer ses fondamentaux économiques et assainir ses services publics.


Le taux de chômage au sens du BIT à Mayotte frôle les 40% (soit plus de 30.000 personnes) selon l’INSEE. L’emploi salarié s’élève à 50.000 personnes. 55% des emplois se concentrent dans le tertiaire non marchand c’est-à-dire l’emploi public et le secteur sanitaire et social. Le tertiaire marchand ne représente que 29% de l’emploi, la construction 9%, l’industrie 5% et l’agriculture 2%. Ces seules données justifient largement la nécessité pour Mayotte de transformer son économie qui est aussi marquée par la faiblesse des réserves hydriques et l’écart de niveau de vie entre les mahorais et les territoires environnants. 




Selon les analystes, les fondamentaux de l’économie mahoraise sont totalement orthogonaux par rapport aux statistiques françaises de l’emploi qui affichent au contraire un tertiaire marchand de 50%, un tertiaire non marchand de 30%, une industrie de 11%, une construction de 7% et une agriculture de 2%. A l’hypertrophie du secteur public et non marchand (sanitaire et social) dans l’archipel (+16 points par rapport à la moyenne nationale) et à l’étroitesse du tertiaire marchand (-21 points) répond un secteur agricole en ligne avec la moyenne nationale. 


Un chômage en hausse de 7%

Et pourtant, le secteur agricole très peu mécanisé est également faiblement diversifié et à faible productivité. L’île était ainsi préalablement à l’épisode Chido dépendante à près de 65% des échanges extérieurs pour son alimentation. Le département affiche 1.400 agriculteurs enregistrés par la MSA mais il y aurait entre 4.000 et 6.000 agriculteurs vivriers. Depuis la tempête, les productions végétales ont été détruites. Mais les plus inquiétantes sont les tendances à l’œuvre lorsque l’on fait des comparaisons entre les situations de ces dernières années. L’emploi représentant 29% des personnes âgées de 15 à 64 ans a enregistré une baisse de 5 points depuis 2019. Le taux de personnes souhaitant travailler a augmenté de 2 points tandis que celles ne souhaitant pas travailler a connu une hausse de 3 points. Le taux de chômage a, pour sa part, augmenté de 7 points en 4 ans.


Les métiers et les formations sont cruciaux

Ces chiffres témoignent de l’importance d’une immigration peu qualifiée et que le marché du travail ne parvient pas à absorber. On doit par ailleurs ajouter que le taux de chômage est minoré car sociologiquement, la société mahoraise reste matriarcale (et souvent matrilocale), si bien que les femmes ne sont que très peu insérées dans le marché de l’emploi et traditionnellement restent au foyer.  A noter qu’à Mayotte, la population étrangère représenterait aujourd’hui près de 60% de la population mahoraise totale, soit plus 180.000 habitants. Cette modification de la composition sociologique de la population mahoraise montre la difficulté qu’a eue jusqu’à présent l’exécutif pour limiter l’immigration illégale à Mayotte et donner une nouvelle trajectoire à l’économie de l’île. 


Les observateurs sont unanimes sur le fait que l'industrie constitue une urgence absolue pour Mayotte afin de créer des emplois productifs et pérennes, et ainsi lutter contre le chômage de masse (environ 34%) et la précarité (77% de la population vivant sous le seuil de pauvreté). Mais si on veut réussir le projet d’industrialisation du territoire, les puissances publiques doivent mettre en œuvre une politique de substitution aux importations. Il faut sortir de la dépendance aux importations de biens transformés en les produisant localement pour une plus grande valeur ajoutée. 


L'industrie constitue une urgence absolue pour Mayotte afin de créer des emplois productifs et pérennes, et ainsi lutter contre le chômage de masse

Autre question cruciale : les métiers et les formations. Les promoteurs de l’industrialisation de l’île doivent mieux cibler ce qu'il faut mettre en place, quand, comment, pour quelle catégorie de personnes. Les projets lancés ces dernières années permettent d’affiner les choix. Il vont de la fabrication de parpaings à construction d’objets en bois, en passant par le recyclage du plastique, sans oublier l’alimentation made in Mayotte. La foire industrielle organisée au mois de novembre dernier a aussi permis de mieux cerner les besoins et d’améliorer les actions d’accompagnement.